• We Kid Because We Love (et cette fois c'est vrai)

     

    " It is a truth universally acknowledged 
    that a zombie in possession of brains
    must be in want of more brains " 

    C'est par cette phrase épique que s'ouvre l'excellentissimement drôle et déjanté Pride & Prejudice... & Zombies ! Sortie en 2oo9, cette parodie enlevée du célèbre roman de Jane Austen Orgueil & Préjugés avait tout pour être un bestseller - ce qu'elle est rapidement devenue : un cadre pré-Victorien de la campagne british, une héroïne jeune et brillante, et bien sûr de la romance. Transformez ladite héroïne en machine à tuer, ajoutez-y quelques ninjas et un mal mystérieux qui transforme les morts en créatures de l'Enfer... Pride & Prejudice & Zombies (PPZ) est tout ça à la fois !

    Sur le fond, l'oeuvre d'Austen est reprise à 70% voire plus, d'où le fait d'avoir été citée en tant que co-auteure du livre. Seth Grahame-Smith, né exactement deux siècles et un an après elle, y a ensuite tout naturellement greffé ce qu'on sait, ajoutant par-ci par-là d'autres éléments de son cru, qui rendent les relations entre personnages beaucoup moins conventionnelles. Et c'est le pauvre Mr Collins qui en fait les frais ! Il y a quelques mois, après un Raison & Sentiments à base de monstres marins (Sense & Sensibility & Sea Monsters), une préquelle de PPZ a à son tour été publiée, écrite cette fois par Steve Hockensmith ! L'intrigue, située quatre ans avant les faits que l'on connaît, suit Elizabeth Bennet et ses soeurs dans leur apprentissage des "deadly arts" (arts... meurtriers ?) et leur toute première rencontre avec ceux qu'on nomme du bout des lèvres les "innommables".

    Book trailer de Dawn of the Dreadfuls (oui oui, "book")

    Les héroïnes de Jane Austen ne sont pas de pauvres créatures faibles, bien au contraire. Elles sont souvent fières, indépendantes, pleines d'esprit. C'est leur milieu qui le veut : un domaine légué à un lointain cousin sous prétexte qu'il est le seul héritier mâle (Orgueil & Préjugés), un père mort qui laisse ses trois filles presque sans le sou (Raison & Sentiments) ou veuf et malade au point que son unique progéniture se voit obligée de jouer les maîtresses de maison (Emma), le besoin pour elles d'être fortes n'est pas seulement important, il est surtout vital. Cependant, la société dans laquelle elles vivent est tout de même assez répressive pour que leur seule solution "respectable" reste le mariage. Dans PPZ, le contexte est le même, mais l'ajout de circonstances exceptionnelles (une invasion de zombies, donc) explose toutes ces conventions sociales. Et ça fait du bien ! Les intrigues amoureuses en sont tout à fait bouleversées, les soeurs Bennet se révélant souvent bien plus courageuses que leurs homologues masculins. Nul besoin d'être protégées, elles le font beaucoup mieux elles-mêmes.

    Alors oui, vous trouverez dans PPZ des scènes hilarantes et écoeurantes comme dans tout bon splatter movie, mais les livres ne se bornent pas qu'à une vague tentative de dépoussiérer un classique : chaque personnage garde plus ou moins la même essence, et l'intrigue s'efforce de rester à peu près crédible pour l'époque dans laquelle elle se déroule. Paradoxalement, c'est là que l'on retrouve un élément parlant aux lectrices de 2010 que nous sommes : Elizabeth se voit constamment tiraillée entre son âme de guerrière et son envie d'être femme et de "rentrer dans le rang". Bien qu'étant présent dans les deux volumes, cet aspect se ressent particulièrement avec le dernier, puisque tout ce que la société s'était efforcée d'inculquer aux soeurs Bennet s'effondre brusquement avec la première apparition d'un zombie dans leur petite ville. Sur ce point, on peut considérer que la parodie va plus loin que l'original, puisqu'elle reprend et accentue des traits déjà présents dans l'ensemble des oeuvres de Jane Austen, et y insuffle un féminisme certes caricatural, mais qui ne cesse de rappeler, par la désapprobation des hommes et (surtout !) des femmes du XIXe siècle, que le combat actuel est loin d'être terminé.

    On pourrait seulement reprocher au premier volume de ne pas s'être assez détaché du maître et d'être resté en surface. Malgré de bonnes idées de départ et des débuts d'intrigues paralèlles prometteuses, Grahame-Smith prend encore trop de précautions à altérer la construction du récit. Heureusement, la préquelle étant une création originale, elle s'éloigne du premier tome pour mieux en exploiter ses thèmes. En clair, c'est plus de zombies, plus de combats et plus d'humour, mais aussi plus de recherche dans la psychologie de ses personnages sans pour autant prétendre égaler Austen. Mais combien l'ont pu ?

    Si vous avez de toute façon la flemme de lire les livres, sachez qu'il existe la version bande-dessinée depuis le mois dernier, et qu'un film est en préparation pour 2011, avec Natalie Portman dans le rôle d'Elizabeth. En attendant, regardez Bride & Prejudice de Gurinder Chadha (Joue-là Comme Beckham), où les bonnets et robes longues sont troquées contre des jeans et des saris !

     

    LIENS UTILES
     
    Pride & Prejudice (VO, VF)
     
    Pride & Prejudice & Zombies (VO, VO DeluxeVF)
     
    > Lire les 3 premiers chapitres (VO)
     
    Pride & Prejudice & Zombies : Dawn of the Dreadfuls (VO)
     
    PPZ en bande-dessinée (VO)
     
    > Lire le début (VO)
     

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