• On dit souvent qu'une tendance se dessine à partir de trois. Or, j'ai lu en une semaine trois billets de blog citant, voire commentant, trois écrits différents du même auteur. Serait-ce à dire que l'auteur en question revient en force chez les Lolitas ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Toujours est-il que j'ai décidé aujourd'hui de passer en revue l'un des manifestes les plus célèbres du Lolita, voire LE plus célèbre. J'ai bien envie de vous le faire deviner, mais si je dis que c'est un roman vous en trouverez tout de suite le nom. Alors oui, je parle bien de Shimotsuma Monogatari, ou, si l'on se réfère à l'horrible traduction américaine, Kamikaze Girls

    Le roman de Novala Takemoto le plus connu de sa vingtaine de livres (et aussi l'un des seuls traduits en anglais), se situe dans le Japon rural. Momoko est une Lolita qui vit, mange et respire Rococo. Dans un patelin qui semble coincé à une époque qui n'est, elle, ni Rococo ni moderne, elle se désespère entre deux achats chez BABY, The Stars Shine Bright (je salue au passage le courage de l'auteur à écrire ce nom sur plusieurs centaines de pages). Lorsqu'elle rencontre un jour une Yanki surnommée Ichiko, c'est le début d'une drôle de relation avec cette fille aux cheveux jaunes et au mauvais goût indécrottable.

    Je commencerais par souligner le caractère classique qui fait l'intrigue de Shimotsuma Monogatari. Car la rencontre entre deux-opposés-pas-si-opposés-qui-finissent-par-bien-s'aimer est un poncif dans n'importe quel type d'histoire, ce qui n'est pas du tout aussi punk que ce dont on aurait pu attendre de Takemoto. En conséquence, elle suit une structure plutôt classique dont certains épisodes, fantasmes de lectrices, seraient dignes de la chick-lit*. Ce serait ainsi plutôt un livre pour adolescentes, d'autant que les héroïnes ont toutes deux 17 ans. Dans un niveau de langue raisonnable (je l'ai lu en anglais) appuyé par un style clair et fluide, on suit donc une petite histoire agréable et divertissante contenant une dose d'humour qu'on ne manquera pas d'apprécier. Les descriptions et passages à visée didactique sont nombreux et coupent parfois inutilement l'intrigue, mais restent pour la majorité assez captivants (je vous renvoie pour cela aux passages sur l'histoire du Rococo et de la marque Baby, un régal).

    * Cette remarque n'est pas du tout aussi insultante qu'elle s'en donne l'air :p

    De même, la description de la plus connue des lifestyle Lolitas pourrait paraître au choix idéaliste ou caricatural. Mais c'est là que mon avis diverge. Une opposition très nette entre Ichiko et Momoko est certes nécessaire puisqu'elle constitue le centre de l'intrigue, mais la présence de cette même Ichiko permet justement à Momoko d'évoluer sensiblement à travers les pages : pour le bien de l'histoire, elle ne pouvait rester seule et immuable. Par ailleurs, le cadre et la situation -en somme tout le livre- jouent sur les clichés et les contrastes pour mieux les exploser ensuite. C'est donc un peu plus subtil que ce qu'on croit au premier abord.

    Shimotsuma Monogatari est avant tout un éloge de la différence, d'accord, mais surtout de cette différence qui nous influence et nous grandit. Le Lolita selon Takemoto est au début ce truc figé qui ne tolère que Baby et vit comme un ermite au milieu du monde, c'est ensuite un machin très punk, toujours en Baby, qui pourrait se résumer par "let's all get along while following our own paths and doing whatever the hell we want !" (dans sa postface, l'auteur décrit cette phrase comme étant la base du livre) et à bas les gens manichéens ! Pour dire la vérité, c'est même un message tellement clair, et le roman est tellement populaire chez les Lolitas, que je ne comprends pas que la communauté n'ait toujours pas compris cela depuis le temps. J'oserais même affirmer que ce livre est prémonitoire car il y a dedans tout ce qui fait polémique dans le milieu : le lifestyle Lolita, la tolérance, l'importance de ne pas se fermer au monde, les répliques de vêtements de marque (!)... Une vraie Bible du Rori. Et le physique de Momoko n'est jamais décrit, on ne peut donc pas dire que seules les filles minces, petites et aux cheveux de telle couleur peuvent s'identifier au personnage. Je vous le dis, ce mec est un Dieu : il a écrit tout ça en 2002.

    Shimotsuma Monogatari ne brille donc pas par son originalité sur la forme (en plus, la fin est assez décevante malgré une ambiguité intéressante dans la dernière phrase) mais traite d'une sous-culture dont on parle bien trop peu en littérature, ce qui en soi suffit à en faire tout le charme et l'intérêt. Le roman s'impose donc en première place des fictions sur les Lolitas grâce à son regard tendre et amusé sur ces jeunes filles un peu étranges que l'on admire sans le vouloir. La barre est donc placée relativement haut, mais il y a moyen de faire beaucoup mieux dans le genre du roman Lolita, si vous voyez ce que je veux dire.

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  • Je continue mon passage en revue des rencontres entre mode et manga ! Cette semaine, on revient sur une première chez Innocent World : une association avec un anime, Gosick. Bon, Gosick n'est pas un anime à l'origine ni même un manga. C'est un "light novel", genre inconnu des occidentales que nous sommes. Un light novel est comme l'indique son nom un "roman allégé", c'est-à-dire court, composé de phrases concises, utilisant des signes pas trop compliqués. Il est donc principalement adressé à un public jeune mais est aussi une forme littéraire parfaite pour les débutants en Japonais. Gosick est donc un light novel en neuf tomes de Kazuki Sakuraba, adapté par la suite en manga (5 tomes, en cours) puis en anime (24 épisodes, en cours). J'aurais voulu tenter le roman -d'autant qu'il a été traduit en anglais- mais ce sera pour une autre fois. En attendant, je me suis rattrapée sur l'anime.

    Gosick, c'est l'histoire d'un jeune Japonais étudiant en 1924 dans un minuscule pays entre la France, la Suisse et l'Italie. Dans cette académie où les histoires de fantômes et autres légendes sont à la mode (ils ont un ministère de l'occultisme !), il rencontre une mystérieuse jeune fille nommée Victorica (ou Victorique, c'est selon) et qui, constamment dissimulée dans la bibliothèque, exerce son incroyable acuité à résoudre des enquètes sur lesquelles tous les inspecteurs se cassent les dents.

    Gosick est donc une sorte de mélange entre policier et fantastique sur fond d'atmosphère gothique post-Grande Guerre. Je m'attendais à quelque chose de faiblard mais les enquètes et la manière de les résoudre couche par couche sont toujours plus complexes que ce qu'on voudrait croire la première fois. On finit par s'y retrouver happé sans son consentement. J'étais une adepte de de romans policiers il y a des années et avec Sir Arthur Conan Doyle j'ai connu une passion courte mais intense (hello, le double sens à peine tordu). J'ai donc bien aimé cette Victorica qui, malgré ses allures de poupée, se révèle être un personnage brillant, fumant la pipe de surcroît. Le tandem des deux personnages principaux est cependant un mythe éculé, même si ici Sherlock Holmes porte un headress et vit un tendre premier amour avec Watson. Enfin, il y a un peu de Détective Conan en froufrous dans cette minuscule jeune fille un peu trop mûre pour son âge.

    Mais le label "gothique" ne serait-il qu'un gimmick pour "otaku" ? En effet, l'histoire appartient à la catégorie shônen, et même si beaucoup de filles s'intéressent à ce genre, il demeure qu'il ne leur est pas adressé en priorité, encore moins aux Lolitas. On a donc ici une Lolita certes intelligente mais fantasmée, dans une époque et une Europe tout aussi fantasmées. Alors oui, le genre du manga se base sur le fantasme. Quant au Lolita, il est lui-même né d'une telle vision mais reste un truc de filles pour des filles. Il serait intéressant de savoir qui des filles ou des garçons lit le plus Gosick. Et qui par conséquent portera la "Victorique dress" d'Innocent World :

    Qui ressemble à n'importe quelle réussite de la marque. Clairement pas pour tous les jours mais la qualité du tissu et de la dentelle la dispense d'être too much. Baby The Stars Shine Bright -qui devait s'occuper de la collaboration à la place d'Innocent World- aurait difficilement fait mieux.

    Gosick chez Innocent World

    Voir les premiers épisodes de l'anime

    Le manga (2 tomes dispos en français)

    Le roman (en anglais)

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  • Au début, lorsque l'on apprend que Baby The Stars Shine Bright sort une double collection (Baby + Alice & the Pirates) en collaboration avec un anime à succès, on ne s'étonne même plus. La marque a toujours été friande de ce genre d'expérience commerciale et bat probablement un de ses records en 2010-2011 avec près d'une dizaine de collections de ce genre (!). Et puis on lit le nom de l'anime en question, à savoir Kuragehime -ou Princess Jellyfish-. On le google alors, histoire de glaner quelques images.

    Pour finir par se demander ce que diable est passé par la tête de la marque. Mais comme on est curieuse, eh bien on jette un coup d'oeil au premier épisode, puis au deuxième, au troisième... au onzième. Et on comprend en quoi c'est Lolita.

    "Regarde les tentacules blancs de cette méduse.

     Ils ressemblent à des dentelles blanches sur une robe de princesse"

    Tsukimi n'est pas jolie. Ses cheveux sont mal coiffés, ses sourcils pas épilés, elle est très myope et ne porte que de vieux survêtements/pyjamas grisâtres. Elle ne vit que pour sa passion : les méduses, dont elle possède une connaissance encyclopédique et qu'elle dessine sans cesse. Lorsqu'elle monte à Tokyo pour vivre de son dessin, elle s'imagine la vie de la princesse qu'elle a toujours voulu être, mais la réalité la rattrape vite lorsqu'elle tombe sur des colocataires aussi "otaku" qu'elle. En véritables handicapées sociales, elles préfèrent rester chez elles loin des garçons au lieu de s'affirmer dans la vraie vie, jusqu'à ce qu'elles fassent la connaissance de Kurako, une drôle de fille en perruque rose.

    Je ne suis plus branchée anime depuis longtemps mais j'ai beaucoup aimé ces onze épisodes drôles et mignons. On s'attache très vite à ces personnages un peu barrés dont on sent qu'ils sont au fond emplis de doutes. Le sujet du manque de confiance en soi est traité avec beaucoup d'humour et de vérité. Car c'est peut-être triste, mais la vie est ainsi faite : on veut tous être beaux, et ceux qui ne le sont pas ou ne veulent pas l'être peinent à être acceptés par leurs pairs. Les filles de Kuragehime ont beau être brillantes et gentilles, elles se sentent extrèmement mal à l'aise à côté des jeunes branchées de Shibuya pourtant pas forcément plus intéressantes qu'elles. Lorsque vient le moment de se battre pour ce à quoi elles tiennent, elles qualifient leurs nouveaux vêtements de "tenues de combat", ce que Victoria de Lolita-Charm rapproche d'un poème de Novala Takemoto (lien plus bas) : le vêtement est alors -et c'est encore plus vrai pour les Lolitas- un moyen d'affirmer qui on est, soit en se fondant dans la masse pour mieux s'en défendre, soit en se revendiquant différent de ladite masse (sauf si on s'éloigne d'un groupe pour mieux s'enfermer dans un autre, ce qui là encore est aussi valable pour le Lolita).

    Dans Kuragehime, on a des femmes qui utilisent leur beauté pour servir leur intelligence parce qu'elles savent que dans ce monde l'un n'est pas forcément plus efficace que l'autre. Le thème du travestissement est ainsi très présent. Les héroïnes passent en mode "after" lorsque cela peut servir leurs buts mais se sentent plus à l'aise à la fin de la journée dans leur fripes habituelles. Lorsque Tsukimi devient jolie, un jeune homme s'intéresse à elle pour la première fois. Lorsque la même Tsukimi, pas maquillée, croise plus tard son chemin il ne lui jette pas un regard. Quant à Kurako, elle se cache derrière sa perruque et son maquillage afin de mieux échapper à sa célèbre famille de politiciens. Qu'en est-il des Lolitas ? Quoiqu'on dise, l'apparence physique joue beaucoup sur la vision que l'on envoie aux autres et que les autres nous renvoient en retour. 

    Mais n'oublions pas que Princess Jelly est aussi un anime sur les méduses ! Un peu comme un certain poulpe-fraise, la figure de la méduse est une récurrence originale dans l'histoire. Car la méduse est cette créature immaculée, gracile et gracieuse, aussi légère qu'une danseuse, qui flotte sans souci dans l'eau au milieu d'une faune aussi belle que sa calotte en mousseline de soie. Une calotte que l'on appelle aussi... ombrelle ! La méduse, c'est donc le thème de la collection de Baby The Stars Shine Bright :

    J'applaudis le bonnet, dont la confection et l'élégance sont dignes d'un grand nom du Lolita ! En revanche, la robe me paraît surchargée par une foule de fioritures. Rien de très léger donc. Quant aux autres pièces de la collection, elles sont très jolies mais un peu hors-sujet pour moi :

    Votre avis ?

    PRINCESS JELLY

    L'anime (vostfr)

    La collection BABY en entier (kodona inside !)

    L'article de Victoria de Lolita-Charm


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  • Blanche-Neige version Lolita version Art Nouveau par Cristal Bailey

    Stop ! Arrêtez tout ! J'ai appris une terriiiiible nouvelle aujourd'hui, et comme si ce n'était pas suffisant j'en ai trouvé deux autres en farfouillant un peu pour plus d'infos. Triple news pour le prix d'une donc.

    J'ai déjà commencé un article en remarquant que les contes étaient à la mode, ce sera encore le cas pour celui-ci. Parce que c'est vrai ! J'en ai parlé l'année dernière avec la tendance poids lourd Alice au Pays des Merveilles, avec Le Petit Chaperon Rouge adapté par François Amoretti et par Catherine Hardwicke et sujet d'un numéro de l'Empire des Dentelles. Plus récemment, j'ai parlé de Rapunzel, et vous avez peut-être vu le défilé BABY dont l'une des silhouettes est clairement inspirée par Blanche-Neige. Et ça tombe bien, elle sera le sujet de ce billet.

    On a vu que Hollywood surfait allègrement sur cette vague et adorait plus que tout y apposer un label "dark" ou pire : "gothique". Apprenons ainsi que TROIS adaptations de Blanche-Neige sont en préparation, oui, TROIS. Youpla boum. *ceci est ma tête au moment où j'écris cette dernière phrase*

    Dans le premier film, Snow White & the Huntsman réalisé par Rupert Sanders, l'héroïne se retrouve bannie par sa belle-mère la Méchante Reine, sauf qu'au lieu de la tuer, le chasseur devient son pygmalion. Viggo Mortensen est pressenti pour jouer le chasseur et Charlize Theron la reine. Parmi les prétendantes pour jouer Blanche-Neige on pouvait trouver Felicity Jones, Emily Browning, Alicia Vikande et Riley Keough. Oui mais non, ce sera Kristen Stewart. Stewart en princesse, elle qui semble toujours tellement à l'aise lorsque prise en flagrant délit de porter une robe ?! M'enfin, on nous dit que l'adaptation sera "moderne". Pour info, on aura deux personnes de l'équipe d'Alice : la costumière Colleen Atwood, gagnante d'un Oscar, ainsi que l'un des producteurs. Date de sortie ? Le 21 Décembre 2012, soit le jour de la fin du monde.

    Deuxième film ! The Brother's Grimm : Snow White de Tarsem Singh (Immortals) verra Blanche-Neige et son armée de nains se battre férocement contre la reine et détruire son royaume (quelques réminiscences de Narnia et Alice ?). Le casting a cependant plus d'allure avec Julia Roberts en reine et Natalie Portman en Blanche-Neige. Rappelons que cette dernière est déjà à l'affiche de Black Swan, aka le film le plus Rori de ce début d'année, et qu'elle est sensée jouer Elizabeth Bennet dans Pride & Prejudice & Zombies. Ca devient déjà plus intéressant.

    Quant au dernier film, que j'avouerais être le plus séduisant en ce qui me concerne, il sera réalisé par Francis Lawrence (I Am Legend, c'était lui). Les nains de Snow & the Seven seront remplacés par des singes. Au XIXe siècle. A Hong Kong. Et l'équipe a déjà engagé un chorégraphe pour les arts martiaux. Prodigieux, non ? *ma tête*

    Quel sera le prochain conte sur la liste ? Le Magicien d'Oz ? Oups, je crois que ce sera bientôt fait...

    Alors, heureuses ou malheureuses de la news ? Quel film vous semble le plus intéressant parmi les trois ? A moins que vous ne restiez fidèles à ce qu'en a fait Kaori Yuki ?

    Sources : MadmoiZelle, The Independant

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  • "Vous connaissez l'histoire", disait le maître de ballet. Il était une fois une jeune femme d'une pureté et d'une beauté telle qu'un prince tomba sous son charme. Un jour, un sorcier s'empara d'elle et en guise de malédiction la transforma en cygne blanc tandis qu'un autre cygne, noir celui-ci, entreprit de séduire son prince. Alors le cygne blanc décida de mettre fin à ses jours.

    Et si on vous disait que le cygne blanc et le cygne noir étaient la même personne ?


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